Le crétinisme dont font preuve les politiciens et les bureaucrates est absolument sans limite. La Ville de Montréal vient de lancer une nouvelle section écrite en «orthographe alternative» sur son site Web à l'intention des arriérés mentaux et des personnes qui ont des problèmes de lecture. On y accède en cliquant sur le logo «Accès simple» sur la page d'accueil de la Ville.
Au premier abord, on dirait que c'est écrit en turc, ou encore dans une sorte de créole. Je pense bien avoir un QI au moins un peu au-dessus de la moyenne, mais j'ai dû faire des efforts pour comprendre ce qui est écrit sur ces pages. Que peut bien signifier par exemple «Akey», en haut de chaque page? Accès? À qui? Assez? Ben non! Accueil!
Essayez de traduire par vous-même ces passages:
Lorske vou z'apelé o 9 1 1 la pêrsone a ki vou parlé anvêra le sêrvis don vou z'avé bezouin . Se sêrvis dépan de la rêzon pour lakêl vou z'apêlé . Se ke vou devé dir lorsk vou z'apelé le 9 1 1 . si vou z'apelé d'un téléfone ordinêr dit a la pêrsone pourkoua vou z'apelé é ou vou z'êt .
La rékupérasion se fê une foua par semêne . Pour avouar un bak de rékupérasion alé o z'androua suivan buro Accès Montréal buro Éco-quartier o pouin de sêrvis de votr arondiseman . Sêrtin bak on t'une pouagné . Il son donk plu fasil a utilizé .
Il fo t'avouar une kart d'aboné pour anprunté dê livr dan lê bibliotêk de Montréal . Pour avouar une kart demandé o kontouar de la bibliotêk de votr kartié . Si vou raporté lê livr an retar vou z'alé pêyé une amand .
WOUAHAHAHAHAHAHAHAHA!!!
Parmi les attardés mentaux (sauf ceux qui travaillent à l'Hôtel de Ville) et les illettrés de la métropole, seule une infime minorité doit posséder un ordinateur et avoir l'habitude de naviguer sur le Web. Parmi ceux-ci, une fraction seulement réussira à trouver cette section et à comprendre ce jargon. Et il n'y en a probablement aucun qui aura besoin d'informations sur les bibliothèques municipales.
Les bureaucrates ont créé ce site en collaboration avec une équipe de l'Université de Montréal et le Comité régional des associations pour la déficience intellectuelle. On ne dit pas combien cette folie a coûté aux contribuables, sans doute des dizaines de milliers de dollars. Selon le maire de Montréal, qui ne dédaigne pas écrire lui aussi dans un langage insignifiant et jargonneux, «nous voulons tout mettre en œuvre pour que tous les citoyens puissent participer à la vie sociale de Montréal». On comprend surtout qu'il veut s'attirer la sympathie des simples d'esprit qui votent, question d'aller chercher une partie de la clientèle électorale que l'ex-maire Pierre Bourque courtisait allègrement.
Vous pouvez ékrir o mêr si l'envie vous vient de lui dire de cesser de gaspiller notre argent pour des conneries, lui et sa bande de tatas.